Je ne m’attendais pas à ces émotions exacerbées. Je ne savais pas ces doutes, ces peurs. Je ne m’attendais pas à ces bouleversements intérieur. Je ne savais pas ces douleurs. Tu m’offres l’inconnu. Tu m’offres les potentiels, et nous te donnons la vie. Chaque histoire de femme enceinte est personnelle et profondément unique. Voici les mots qui me viennent, à quelques semaines de la rencontre de ma vie.
« Une aventure unique. Voyage au centre des entrailles, les tréfonds de la femme. Cette métamorphose, qui nous offre l’occasion de nous rencontrer nous même. »
Quelle maladresse, quelle inconvenance. Chaque discours sur la grossesse est fait pour être entendu, pour que chaque femme puisse se sentir plus libre de décharger ce qu’elle a vécu, ce qu’elle vit encore. De nos jours, il faut parler de tout, il faut que chaque histoire soit racontée, amplifiée, à la vue de tous. Il ne faut plus de sujets tabous, ce n’est plus dans l’air du temps. C’est l’heure de s’exprimer, de s’imposer, de jouer des coudes et de chercher sa légitimité perdue. De prouver qu’on a bien fait, de prouver qu’on a raison. Quelle maladresse, quelle inconvenance… Car n’est-ce pas indélicat, de ne pas laisser les femmes vivre leur transformation à l’ombre de leur jardin secret ? Leurs corps, leur chair, leur progéniture, leur famille… Quoi de plus précieux que le cocon que nous pouvons former autour de cet élan, donner la vie. Mais aujourd’hui, c’est désacralisé.
« A l’aube de ma nouvelle vie, et de celle qui se créé, je suis en pleine rétrospective de ma grossesse. Si intense, si instructive. Et en même temps tellement personnelle, intime. Qui m’appartient, que j’ai vécu pleinement, à la manière de qui je suis MOI, et non pas comme la société le voudrait. »
Je suis aujourd’hui si émue, d’apercevoir au loin cette vague, ce tsunami. Je la voie se rapprocher, en me rappelant que cela fait des années que je l’attends. Aucune position, aucun espoir, juste un sourire ancré en moi de pouvoir enfin concrétiser, ce qui m’appelait depuis longtemps. Sur ces douces paroles, ces agréables satisfactions, je ne souhaite qu’une chose, qu’aucun jugement extérieur ne vienne altérer cette vérité. Ma vérité propre. Et cela devrait être le respect accordé à toute les futurs mamans. Ces fameuse phrases qui nous font redescendre, font éclater notre bulle. Cela est si dérangeant ? D’apprécier l’arrivée et la conception d’un bébé ? Bienveillance ou pas, il y a ces moments de vie qui ne devraient même pas être perturbés par des interférences. Ce que j’appelle interférences, c’est presque du marketing fait autour de la grossesse. On en fait trop. Trop d’informations, créé l’étouffement.
Les livres, les bons conseils, les regards emplis de jugements, les portraits idéals d’instagram… J’en passe. Nous avons toutes besoin de méthodes, conseils, témoignages. Ce qui interfère et entre dans l’espace intime, c’est ici l’art et la manière dont on aborde le sujet. Pourquoi faire peur avec des pourcentages, pourquoi généraliser, pourquoi enfermer, banaliser. La maternité au sens large, me paraît tellement personnelle que l’on ne peut se permettre de créer des cases, pour créer encore plus de séparation. Moi ça ne me parle pas. J’aime la spontanéité, le vivant. Je ne veux rien contrôler même si c’est affolant, je veux laisser la vie faire, la vie être. Je veux puiser au fond de moi pour savoir ce qui est bon, pas dans les derniers bouquins à la mode. Je veux apprendre ma nouvelle vie sur le tas, car c’est la meilleure manière d’être enseignée.
La société a fait de nous des êtres qui ont besoin d’être guidés, pris par la main. Avec un mode d’emploi, et vous êtes servis. Internet, les vidéos, les podcast… Nous n’avons pas été habitués à expérimenter à l’aveugle. Pourtant il fut un temps où les gens n’avaient pas le choix. Nous avons aujourd’hui trop de choix, même au niveau de l’éducation. Dans tout ce que tu fera, tu devra rentrer dans une case, et encore plus quand tu deviens maman. Tu dois rendre des comptes, puis tu finis par te dévaloriser, avant même d’avoir accouchée pour certaines, se sentir vulnérable… Mais je m’y refuse.
« Ce qui est magique dans le fait d’élever un enfant, c’est que celui ci t’élève tout autant »
Partager nos expériences est une richesse, réelle, que je ne peux nier. Cependant, la manière de compter sa propre histoire, vous engage et vous responsabilise, car celles qui vous liront peuvent être impactées, touchées, et donc bouleversées dans leur propre cheminement. Et ce chemin, propre à chacune, est tellement plus vrai et profond lorsqu’il est vécu de manière intérieur, spontané, intuitif. C’est ce que j’ai ressenti, et c’est ce que je voulais partager ici aujourd’hui. La manière dont chaque femme enceinte peut vivre ces changements avec sa force et sa conviction intérieur. Observons la nature.
Le respect se trouve dans la délicatesse des mots, dans la bienveillance des termes. Dans l’enfantement se joue une renaissance, et rien ne doit venir perturber cela. Certainement pas des injonctions, mais plutôt une assistance vers l’autonomie. Quand on sait le pouvoir que renferme le corps et l’esprit humain, il n’est pas plus importante période pour se faire confiance.
J’aimerais terminer en citant « weareamma » d’Instagram. J’élude certains passages, mais voici ce que j’ai retenu :
« Je suis contre l’idée que le travail est forcément long et douloureux pour tout le monde. Je suis contre l’idée que les femmes enceintes ne soient pas vues et entendues comme des individus avec des terminaisons nerveuses individuelles, des antécédents de traumatismes et des corps différents. […] Je suis contre l’idée que la médecine ne différencie pas les grossesses à faible risque de celles à hauts risques, et n’enseigne pas à quel point le corps féminin est étonnant et comment être soutenue et confiante dans ces choix… »
« La maternité c’est l’occasion de se faire confiance, de lâcher prise »
Si juste! Magnifique.
Que te dire de plus Sophie ? Que tu Es resplendissante , que la sérénité est faite pour toi sûrement certainement évidemment… Je partage tellement tes convictions . Suis ton chemin et égare toi c’est la plus belle des récompenses. Je t’embrasse.
Catherine
Oups : qqchose d’important ! : Ce prénom que tu portes semble être fait pour toi : Sophie la Sagesse!